Entretien avec Jean-Pierre Deflandre, professeur IFP School et co-titulaire de la chaire
À l'occasion de la signature d'un partenariat stratégique de R&D entre Total et IFP Energies nouvelles en juillet 2019, IFP School a lancé une nouvelle chaire de recherche consacrée à la réduction des émissions de CO2. Intitulée "Carbon management and negative CO2 emissions technologies towards a low carbon future" (CarMa), la chaire est soutenue par Total et la Fondation Tuck.
D'une durée de cinq ans, elle est portée par Florence Delprat-Jannaud, responsable du programme "Captage du CO2" au sein du Centre de résultats Ressources énergétiques à IFPEN et Jean-Pierre Deflandre, enseignant-chercheur dans le domaine des Géoressources et de l'énergie à IFP School. Ce dernier nous en dit plus.
1. Pourquoi l'École a-t-elle créé cette nouvelle chaire ?
IFP School est pleinement engagée dans la transition énergétique. Elle adapte régulièrement ses cursus pour souscrire aux attentes sociétales et industrielles. Nous veillons à mieux préparer nos étudiants pour qu'ils puissent apporter des solutions innovantes aux défis énergétiques émergents.
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est primordiale. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) nous le rappelle. Pour limiter la hausse à 1,5 °C en moyenne, il faut réduire les gaz à effet de serre de 45 % d'ici 2030 et réaliser la neutralité carbone en 2050.
En complément du développement des énergies renouvelables et de l’amélioration de l’efficacité énergétique, le captage-stockage de CO2 (CSC) ou mieux encore le captage, l’utilisation et le stockage du CO2 (CUSC) sont des outils nécessaires pour gérer les émissions de dioxyde de carbone.
Mais pour atteindre l'objectif visé, ils ne seront pas suffisants. Il est d’ores et déjà admis par la communauté scientifique qu’il faudra développer des technologies et des mécanismes, y compris économiques, pour soustraire le CO2 de l’atmosphère ou remplacer des émissions fossiles par des émissions issues du carbone du vivant (biomasse principalement).
Cette approche est indispensable pour réussir la transition énergétique. Cette chaire reflète la volonté de l'École d'offrir une formation de pointe, adossée à la recherche et en prise directe avec les besoins des entreprises. Elle vient renforcer et dynamiser les enseignements liés à la gestion du CO2 dispensés à l'École depuis 2008.
2. Quels sont les objectifs de cette chaire ?
Notre but est de créer un pôle d'excellence sur le thème de la gestion du carbone et des émissions négatives ayant pour missions : de former des jeunes diplômés « par et à » la recherche, de contribuer à la formation des professionnels mais aussi de tous en partageant et disséminant les connaissances au travers de supports pédagogiques utiles au débat sociétal.
Concrètement, il s'agit de développer de nouveaux viviers de compétences et de contribuer à l'émergence d'une nouvelle génération de chercheurs et d'experts internationaux qui développeront des technologies pour réduire le CO2 de l'atmosphère.
Nous souhaitons également mettre à disposition une plateforme de contenus informatifs et pédagogiques permettant de favoriser une prise de conscience et de nourrir le débat public tout en apportant des solutions durables.
Les travaux de recherche ont commencé en octobre dernier avec une première thèse sur le déploiement de la bioénergie avec captage et stockage du carbone (BECSC). À terme, nous comptons lancer 7 doctorats et 5 post-doctorats.
La chaire s'appuie sur un conseil scientifique composé de 5 experts indépendants et mondialement reconnus. Elle fera également appel à des visiteurs scientifiques.
3. Quels seront les axes de recherche abordés ?
Notre feuille de route est ambitieuse. Elle couvre tant les aspects technologiques qu’économiques visant à aboutir à des solutions efficaces et durables du point de vue sociétal. Différents axes de recherche sont envisagés : le captage du CO2 directement dans l'atmosphère, le stockage pérenne du CO2, l'exploitation de la biomasse pour fixer du carbone mais aussi l'utilisation/conversion du CO2.
Dans un premier temps, nous nous intéresserons à mieux comprendre le cycle de vie du carbone, à mieux qualifier ce qu'on appelle les émissions négatives et à identifier les modèles économiques à mettre en œuvre.
4. Quelles sont les prochaines actions ?
Le conseil scientifique de la chaire se réunira les 16 et 17 décembre prochains pour aborder les actions à venir et établir des recommandations en vue de définir les prochains sujets de recherche.
Nous travaillons également sur la mise en ligne d'un site Web dédié à la chaire.
> En savoir plus sur la chaire CarMa
Auteur de l’article : Meyling Siu